L’évolution de l’humanité est étroitement liée à sa capacité de créer, d’imaginer et de communiquer à travers les récits. La révolution cognitive, survenue il y a environ 70 000 ans, a marqué un tournant décisif dans l’histoire de l’Homo Sapiens, en lui permettant de ne plus, simplement, communiquer sur des faits présents, mais, en inventant des histoires. Cette capacité a eu des implications profondes, permettant, à notre espèce, de rassembler des tribus et de coopérer à grande échelle, simplement grâce aux croyances. Cet article explorera la profondeur de cette révolution, mettant en lumière la manière dont l’art de créer des récits a façonné notre passé, influence notre présent et pourrait bien définir notre avenir.
Les origines de la révolution cognitive : L’émergence de la pensée symbolique
La révolution cognitive a été caractérisée par le développement de la pensée symbolique et du langage complexe. Nous n’avons pas d’explications claires sur l’origine de son apparition, elle serait datée d’environ 70 000 ans. Des découvertes archéologiques, telles que les peintures rupestres dans des grottes en France et en Espagne, datant d’environ 40 000 ans, attestent de l’émergence de la capacité humaine à représenter des idées abstraites par des symboles. Ces premières formes d’expression artistique peuvent être considérées comme les prémices de la narration visuelle, soulignant ainsi l’importance de la créativité et de l’imagination dans le développement cognitif de l’Homo Sapiens.
C’est cette capacité à raconter plus que des faits présents qui distingue l’Homo Sapiens des autres espèces animales et humaines existantes et ayant existé. Et non sa capacité de communication au sens premier du terme.
Le pouvoir des histoires dans la transmission des connaissances : Une tradition ancienne
Avant l’invention de l’écriture, les sociétés dépendaient largement de la transmission orale des connaissances. Des études anthropologiques suggèrent que les récits oraux étaient utilisés pour enseigner des compétences de survie, transmettre des informations sur les ressources naturelles et élaborer des stratégies de chasse. La force des histoires dans la préservation du savoir est mise en évidence par la longévité des mythologies anciennes qui ont survécu à travers les générations.
L’imagination comme puissance créatrice : Le cerveau narratif
Des recherches neuroscientifiques ont révélé que le cerveau humain est, intrinsèquement, câblé pour traiter l’information de manière narrative. Les études en imagerie cérébrale démontrent que la création et la réception d’histoires activent des régions cérébrales spécifiques associées à l’empathie, à la créativité et à la compréhension des motivations humaines. Ainsi, l’imagination n’est pas, simplement, une caractéristique de l’esprit humain, mais une force motrice qui a contribué à la survie et à la prospérité de l’Homo sapiens. Ainsi, il est possible, pour nos cerveaux, de croire en des choses non palpables et ainsi permettre de collaborer avec des tribus inconnues, par la force de l’histoire racontée, rassemblée par des croyances communes.
Cette possibilité de collaborer à grande échelle a permis à l’homo sapiens de se distinguer des autres espèces humaines présentes sur terre en même temps.
Le rôle social des récits : Une cohésion culturelle ancrée
La révolution cognitive a permis à l’Homo sapiens de transcender la simple communication de faits présents pour inventer des histoires qui ont joué un rôle central dans la cohésion sociale. Les chercheurs en anthropologie culturelle ont identifié des schémas récurrents, dans les récits mythologiques, à travers différentes cultures. Ces récits, partagés, ont agi comme des liens culturels renforçant l’identité commune et les valeurs partagées. Des études sociologiques soulignent, également, le rôle des récits dans la construction des normes sociales, montrant comment les histoires contribuent à façonner les comportements individuels et collectifs au sein d’une société.
Le pouvoir persuasif des récits : Une influence historique
L’impact des récits dans la persuasion a été étudié à travers l’histoire. Des orateurs célèbres, comme Cicéron dans la Rome antique, ou Martin Luther King Jr. au XXe siècle, ont maîtrisé l’art de raconter des histoires pour inspirer et mobiliser des foules. Des études psychologiques modernes confirment que les messages narratifs sont plus persuasifs que les discours factuels purs, car ils suscitent une réponse émotionnelle et une identification personnelle.
Ce qui est d’autant plus marquant, c’est que ce sont les histoires que nous créons qui façonnent notre monde.
Un exemple : Si demain, les homo sapiens, que nous sommes arrêtons de croire en l’argent, l’argent n’existe plus. Bien sûr, les pièces papiers, et les billets imprimés seront toujours là, ce sera seulement un bout de métal et un bout de papier, rien de plus. La valeur de l’argent n’est que le fruit de notre imagination, et le monde économique que nous connaissons s’écroule. Il en est de même pour les sociétés juridiques, qui n’existent en réalité que dans le fruit de notre imagination, parce qu’un juriste à effectuer le bon rituel et coché les bonnes cases, alors l’entreprise existe, Or, factuellement, les entreprises ne sont pas palpables, elles n’existent que parce qu’on leur donne du crédit. Parce que nous croyons en l’histoire qu’elles nous racontent.
Le peuple français a cru pendant des siècles à la monarchie absolue, que le pouvoir appartenait à une famille qui le détenait, elle-même, de Dieu. Dès lors que le peuple a cessé de croire, car ses besoins ont évolué, le système a changé, et le peuple s’est mis à croire en la république.
La force des histoires aujourd’hui dans nos entreprises.
Ce sont les histoires qui nous rassemblent, à chaque échelle. Nous construisons une histoire autour de notre entreprise avec l’objectif que l’on nous achète notre histoire, c’est ainsi que nous obtenons des clients. De la même façon, nous pouvons rassembler nos collaborateurs, en construisant une histoire, qui répond à leurs besoins, et satisfait les croyances pour aller dans la même direction.
La révolution cognitive a façonné l’Homo sapiens en tant qu’espèce narrative, capable de créer, partager et vivre à travers des histoires. Des découvertes archéologiques, des recherches neuroscientifiques et des analyses sociologiques convergent pour démontrer l’importance cruciale de la narration dans notre développement en tant qu’êtres humains. Aujourd’hui, alors que nous continuons à évoluer dans l’ère numérique, le pouvoir des histoires continue de transformer notre réalité collective. Comprendre cette force narrative, peut nous aider à apprécier pleinement le rôle, central, des récits dans notre histoire et à reconnaître le potentiel transformateur de l’art de créer des histoires pour l’avenir de l’Homo sapiens.